Homme semblant découragé, se prenant la tête dans les mains, avec un stade en arrière plan

Le perfectionnisme est souvent valorisé dans le monde du sport. Après tout, viser l’excellence, repousser ses limites et ne jamais se contenter du « bon » sont des qualités qui mènent à des performances impressionnantes. Mais ce désir d’être parfait peut également se retourner contre les athlètes, entraînant stress, insatisfaction, voire burn-out. Cet article explore comment le perfectionnisme, lorsqu’il est mal géré, peut devenir un piège, et propose des stratégies pour transformer cette quête en moteur constructif.

Comprendre le perfectionnisme en sport

Le perfectionnisme se définit comme un ensemble de comportements et de pensées orientés vers l’atteinte de standards extrêmement élevés. Cependant, il n’est pas toujours bénéfique.

  • Le perfectionnisme adaptatif peut être une force : il motive l’athlète à s’entraîner dur et à viser des objectifs ambitieux tout en sachant accepter les erreurs comme une partie du processus.
  • Le perfectionnisme maladaptatif, en revanche, se caractérise par une peur constante de l’échec, une autocritique sévère et une insatisfaction chronique, même en cas de succès. C’est ce type de perfectionnisme qui nuit au bien-être des athlètes.

Les dangers du perfectionnisme maladaptatif

Le perfectionnisme maladaptatif crée une pression constante. Les athlètes peuvent se sentir paralysés par la peur de décevoir ou se concentrer uniquement sur leurs erreurs, oubliant leurs réussites. Ce comportement peut les priver du plaisir de pratiquer leur sport et conduire à des effets graves comme l’épuisement mental ou le burn-out.

Les attentes élevées, souvent imposées par les athlètes eux-mêmes ou par l’extérieur (entraîneurs, médias, public), peuvent faire en sorte que chaque erreur ou échec soit perçu comme une catastrophe. Cela engendre un cycle de stress et de frustration, dont il est parfois difficile de sortir.

Voyons ci-dessous comment trois grands athlètes ont géré la question de la quête de la perfection.

Exemples d’Athlètes Face à Leur Perfectionnisme

  • Naomi Osaka (Tennis) : Après ses premières victoires en Grand Chelem, Osaka a ouvertement parlé des pressions psychologiques liées à la quête de perfection. Elle a reconnu avoir ressenti une grande peur de l’échec, ce qui a conduit à un mal-être profond. Pour préserver sa santé mentale, elle a pris des pauses de compétition, se concentrant sur l’auto-compassion et apprenant à relativiser ses performances. Cela l’a aidée à adopter une vision plus saine du sport, où l’effort compte autant, sinon plus, que le résultat. Dans un essai paru dans le TIME du 8 juillet 2021, face à l’incompréhension suscitée par sa décision de ne pas se présenter en conférence de presse d’après-match à Roland Garros pour préserver sa santé mentale, elle explique comment elle s’est finalement autorisée à se dire: « C’est ok de ne pas aller bien. »
  • Simone Biles (Gymnastique) : L’une des plus grandes gymnastes de tous les temps, Biles a pris la décision surprenante de se retirer de plusieurs épreuves aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2021 pour se concentrer sur sa santé mentale. Ce geste a souligné l’importance de reconnaître ses limites et d’admettre que même les meilleurs athlètes ont des moments de vulnérabilité. Biles a montré que le perfectionnisme peut conduire à négliger le bien-être par envie de répondre aux attentes extérieures et peut avoir des conséquences graves : Il est alors essentiel de savoir dire « non » pour préserver sa santé. Biles a déclaré dans le journal l’Equipe (27 juillet 2021) : « Ce n’est plus comme si on pouvait tout mettre de côté, il faut aussi se concentrer sur soi-même, car, en fin de compte, nous sommes aussi humains, nous devons protéger notre esprit et notre corps, plutôt que de faire ce que le monde attend de nous. » Son acte a changé le discours autour de la santé mentale dans le sport, montrant que même les meilleurs ont le droit de ne pas être parfaits. En affrontant ces défis, elle a prouvé que la vulnérabilité peut être une force et une source d’inspiration. D’autant plus que suite à cette épisode, elle a raflé 3 médailles d’or aux JO de Paris 2024 et une d’argent ! 
  • Rafael Nadal (Tennis) : Nadal est un exemple de gestion du perfectionnisme à travers une approche axée sur l’effort plutôt que sur l’atteinte d’un idéal de perfection. Au cours de sa carrière, il a souvent mis l’accent sur le fait qu’il ne joue pas pour être parfait, mais pour donner le meilleur de lui-même chaque jour. Cette philosophie de progrès constant l’a aidé à surmonter des blessures et à rester compétitif au plus haut niveau pendant près de deux décennies ! Sa philosophie empreinte de sagesse est résumée dans un article de CNN paru le 27 mai 2022.

Comment faire de son perfectionnisme un atout ?

Pour éviter les pièges du perfectionnisme maladaptatif, voici quelques stratégies pratiques :

  1. Fixer des objectifs réalistes et flexibles
    Au lieu de viser la perfection, concentrez-vous sur des objectifs mesurables et que vous contrôlez, comme améliorer une compétence ou donner le meilleur de vous-même dans une situation donnée.
  2. Apprendre à accepter l’échec
    Plutôt que de voir l’échec comme une menace, percevez-le comme une opportunité d’apprentissage. La plupart des athlètes de haut niveau connaissent des revers avant de réussir.
  3. Cultiver l’auto-compassion
    Traitez-vous avec bienveillance après une contre-performance. Demandez-vous : « Que dirais-je à un ami dans cette situation ? » Cette attitude permet de réduire l’autocritique et de maintenir une attitude positive et constructive envers soi-même.
  4. Se concentrer sur le processus, pas le résultat
    Appréciez les efforts et le chemin parcouru, même si le résultat final n’est pas parfait. Chaque étape de progression, chaque amélioration, aussi minime soit-elle, est une victoire en soi. Et il est vraiment rare de passer une journée sans s’améliorer sur au moins un petit aspect.
  5. Travailler avec un∙e psychologue du sport
    Un∙e professionnel∙le peut aider à identifier les schémas de pensées perfectionnistes, à les interroger et éventuellement à les remplacer par des croyances plus constructives. Un accompagnement psychologique peut aider l’athlète à mieux gérer le stress, la pression et la peur de l’échec.

Conclusion

Le perfectionnisme n’est pas une faiblesse, mais il peut devenir un frein si ce trait de caractère devient trop envahissant et génère un stress important. En tirant les leçons des exemples de Naomi Osaka, Simone Biles et Rafael Nadal, les sportifs peuvent apprendre à faire en sorte que cette quête d’excellence demeure un moteur positif. L’échec et les imperfections font partie intégrante du sport et de la vie – les accepter, c’est déjà réussir.

Alors, que vous soyez athlète amateur ou professionnel, rappelez-vous : ce n’est pas la perfection qui compte, mais la progression et la satisfaction d’avoir donné le meilleur de vous-même.